C’est toujours un plaisir de rencontrer des gens qui partagent notre passion_Tarek Bou Omar
J’écris ces lignes après 43 jours d’avoir quitté Matera. J’évite de revoir les photos de mon séjour et je préfère compter sur mes souvenirs brumeux que j’en garde encore en tête. Je me permets seulement d’écouter une chanson espagnole que j’aime bien, qui m’a accompagné là-bas pendant mes heures de repos, et sur laquelle j’ai enregistré mes beaux moments – elle s’appelle Los Días Raros.
J’avais toujours des doutes sur ce que j’écrivais – j’en ai jusque-là –, et des fois, par manque de temps et de confiance en moi, je me disais qu’il fallait plutôt renoncer. Mais après avoir été lauréat du Prix Energheia Liban 2019, et après mon voyage à Matera, j’ai eu un élan de motivation pour continuer à écrire.
Je garderai toujours en tête les promenades que nous avons faites, les autres lauréats et moi : les chemins en pierre arpentés, les cages et églises visitées, les restaurants où nous avons parlé de l’écriture, de nos textes, de nos auteurs préférés et d’autres choses aussi. Je me rappellerai les soirées passées ensemble, les écrivains rencontrés, les conseils que j’ai reçus. Je me rappellerai nos petits déjeuners littéraires, notre réunion avec M. Peter Hallberg, la cérémonie de remise des prix et la soirée qui l’a suivie. Je me souviendrai du moment où j’ai reçu le trophée, où je me suis tenu entre M. Felice Lisanti et Mme Cristina Foti pour nous prendre une photo, et des larmes, à ce moment-là, que je n’ai pas réussi à cacher.
Écrire n’est pas facile. Mais c’est beau. C’est beau de peiner, désespérer, parfois ne plus avoir envie de voir ce qu’on est en train de travailler et retravailler, mais à la fin, c’est encore plus beau de reculer, pour contempler, avec fierté et bonheur, ce qu’on a peaufiné.
C’est toujours un plaisir de rencontrer des gens qui partagent notre passion. Le Prix Energheia est pour moi l’une des plus belles expériences. Et j’aimerais sans doute retenter ma chance dans les années à venir.