La fille au petit chien, Thelma Dassesse
Finaliste Prix Energheia France 2019
Une fois de plus c’était tombé sur elle. Mais elle n’en voulait pas, elle n’en avait jamais voulu de ce chien. C’était son frère, c’était lui qui avait supplié, tapé des pieds pour qu’ils acceptent d’acheter cette chose. Mais depuis bientôt cinq mois, il ne s’en était jamais occupé. Ses parents lui sortaient toujours des « Mais Elise, tu dois comprendre, ton frère a tellement de travail, il n’a pas le temps » ou encore « Mais Elise, il travaille déjà tellement, laisse-le profiter de son temps libre ». Et à cela, bien sûr, la bonne Elise ne pouvait rien répondre, car depuis presqu’un an elle avait arrêté ses études, cessé toute activité. À part quand occasionnellement, elle remplaçait une amie dans une de ses gardes d’enfants. Et donc voilà que tous les jours, matins, après-midis et soirs, elle descendait et remontait la rue en tirant derrière elle cette bestiole à quatre pattes qui, tout comme elle, avait nullement envie d’être là. Elle avait essayé pourtant, de lui parler, de le toucher, mais rien, aucune émotion, si ce n’est du dégoût, ne passait entre eux, et cela le chien l’avait compris depuis longtemps déjà. Elle sentait dans son regard un mélange de méfiance et de crainte à chaque fois qu’elle lui mettait sa laisse. Déjà pas bien grand, il s’aplatissait contre le sol, la forçant à s’accroupir pour chercher entre ses poils, jaunes sales, son collier.