Les pages resteront blanches, Paul Osthoff
Compte finaliste du Prix Energheia France 2020.
Les pages étaient restées blanches. C’était le troisième qu’on m’ait offert. Sur le premier, j’avais dessiné des frites. J’ai eu peur. Le deuxième avait les cinq première pages noircies. J’étais fatigué, je l’ai rangé. Celui-là était trop beau, trop précieux pour être rempli. Il avait bruni et s’était corné. Il m’a suivi, les premières pages ont pris des couleurs. J’attends le quatrième, pour avoir un net entier. Les pages resteront blanches.
Et les pages trop blanches jauniront sous les coups des mois et des moisissures, elles tomberont en miettes, comme un phoenix majestueux, qui se consume, et dont les cendres font pousser les ronces et les mauvaises herbes. Les pages n’aveugleront plus personne. Elles seront souillées par les centaines de mains sales des enfants crasseux de la terre.